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Qui sont les grands designers de mobilier français ?

Notre mobilier se réinvente sans cesse. Et même si, de nos jours, tables, lits et autres fauteuils confortables ont souvent des accents scandinaves, des pièces historiques du design français séduisent toujours les pupilles. Nous vous proposons de revenir sur les grands noms du design français, des hommes et des femmes qui ont su révolutionner les intérieurs tout en démocratisant l’accès au mobilier.

Le Corbusier (1887, La Chaux-de-Fonds, 1968, Roquebrune-Cap-Martin)

C’est sans doute l’un des noms les plus réputés de l’architecture, de l’urbanisme et du design à la française. Suisse d’origine, Le Corbusier, né Charles-Edouard Jeanneret-Gris, est naturalisé Français en 1930. On lui doit un nouveau concept de logements collectifs où les équipements sont réunis en un seul et unique bâtiment et dont la Cité Radieuse est un fier exemple. Mais il a également conçu des pièces de mobilier. Architecture et mobilier fonctionnent en effet de concert, l’une et l’autre se complétant.

C’est essentiellement dans les années 20 que Le Corbusier, en collaboration avec son cousin Pierre Jeanneret et sa disciple Charlotte Perriand, conçoit toute une gamme de mobilier. Certains de ces meubles sont toujours édités par Cassina. Parmi les meubles les plus iconiques du Corbusier figurent notamment :

  • Le fauteuil LC2, fait de coussins rembourrés et recouverts de cuir, le tout reposant sur une structure tubulaire en acier
  • La chaise lounge LC4, en forme de balancelle pour épouser le corps et fabriquée en acier chromé et cuir ou peau de vache

Jean Prouvé (1901, Paris – 1984, Nancy)

Lui voulait créer une « œuvre pour tous », des maisons et du mobilier modernes accessibles au plus grand nombre. Jean Prouvé est un architecte et designer français qui s’est d’abord formé à la ferronnerie. La tôle d’acier devient naturellement un de ces matériaux de prédilection. Il réalise de nombreux éléments en métal pour des bâtiments, tels que des rampes d’escalier ou des protections d’ascenseur.

Jean Prouvé fait également produire du mobilier en série grâce aux machines industrielles. On peut citer notamment le Bureau Compas, créé dans les années 50, dont le pied métallique rappelle les jambes étroites et pointues de l’instrument de mesure et qui est une des formes emblématiques du designer. Les lits Antony avec leur structure en tôle sont également représentatifs de son œuvre.

Charlotte Perriand (1903, Paris – 1999, Paris)

Disciple du Corbusier et figure majeure du design des années 50, Charlotte Perriand invente un style aussi poétique que minimaliste, hérité notamment de ses séjours au Japon. Elle porte son dévolu sur le bois, le papier, la paille… Charlotte Perriand est la créatrice de nombreuses pièces de mobilier design toujours iconiques, dont :

  • Chaise Ombra Tokyo, faite d’une seule pièce moulée en contreplaqué cintré. Elle semble se plier comme un papier d’origami dans un style simple et épuré.
  • Les tables basses Petalo : au nombre de 5, elles offrent toutes un plateau de couleur différente et peuvent s’escamoter les unes dans les autres pour s’ouvrir ensuite en une fleur aux pétales triangulaires et arrondis.

Charlotte Perriand, (née le 24 octobre 1903, Paris, France, décédée le 27 octobre 1999, Paris), designer française connue pour ses meubles emblématiques du XXe siècle, comme l’ensemble LC “Fauteuil Grand Confort” de mobilier de salon moderniste comprenant une chaise, deux canapés et un ottoman, une des nombreuses collaborations avec Le Corbusier et Pierre Jeanneret, son cousin.

100 FEMMES PIONNIÈRES
Rencontrez des femmes extraordinaires qui ont osé mettre l’égalité des sexes et d’autres questions au premier plan. Qu’il s’agisse de surmonter l’oppression, d’enfreindre les règles, de réimaginer le monde ou de mener une rébellion, ces femmes de l’histoire ont une histoire à raconter.
Perriand a grandi à Paris, où son père travaillait comme tailleur et sa mère était couturière. Durant son enfance, elle a voyagé dans la région montagneuse isolée de Savoie, en France, où résidaient ses grands-parents paternels. Plus tard dans la vie, bien qu’elle ait vécu et travaillé dans la ville et qu’elle ait été inspirée par l’énergie de la ville, elle est retournée dans les Alpes françaises pour se détendre, skier et profiter de la beauté de la nature de la région.

Perriand a su attirer l’attention de son professeur d’art du premier cycle du secondaire grâce à ses talents de dessinatrice. Sur l’insistance de sa mère, Perriand a fréquenté l’École de l’Union Centrale des Arts Décoratifs de 1920 à 1925. C’est là, sous la direction artistique du directeur artistique de l’école, Henri Rapin (architecte d’intérieur talentueux et pratiquant), qu’elle s’épanouit, et son travail s’avère très prometteur. Des années plus tard, elle se souvient de l’approche pédagogique pratique de Rapin et de la discipline qui l’avait disciplinée et qui l’avait aidée à faire passer une idée de la planche à dessin à la réalité. En plus de suivre des cours, Perriand complète sa formation et nourrit sa curiosité en s’inscrivant à des cours offerts dans les grands magasins qui abritent leurs propres ateliers de design. Elle a assisté aux conférences de Maurice Dufrêne, directeur de l’atelier La Maîtrise, situé aux Galeries Lafayette à Paris. Du fait de son association avec le magasin, Dufrêne a interpellé les étudiants avec des projets pragmatiques et applicables, dont les résultats pourraient être utilisés par les Galeries Lafayette. Le travail scolaire de Perriand lui a révélé une designer adroite et ses projets ont été sélectionnés et exposés à l’Exposition Internationale des Arts Décoratifs et Industriels Modernes de 1925. Dufrêne a également choisi ses projets d’accrochage pour les Galeries Lafayette ; plus tard, ces travaux seront fabriqués à la machine à plus grande échelle et utilisés dans d’autres intérieurs conçus par Dufrêne.

Après l’obtention de son diplôme, fortement encouragée par Dufrêne et Rapin, qui lui avaient dit qu’elle ” devait montrer pour se faire connaître “, Perriand soumet son travail pour être exposée dans de nombreuses expositions. Son entrée la plus marquante date de 1927 au Salon d’Automne avec son Bar sous le toit, une installation de mobilier, de finitions et d’un bar encastré. Avec l’utilisation de matériaux tels que le nickel et un design audacieux, Bar sous le toit révèle la préférence de Perriand pour une esthétique qui reflète l’âge de la machine et rompt avec la préférence de l’École pour les objets finement fabriqués à la main en bois exotiques et rares. Avec des surfaces brillantes, des métaux réfléchissants et des formes géométriques émoussées, la tapisserie était dépourvue de motifs et de matériaux chauds tels que le bois ou les textiles mous. Ce projet a marqué un tournant dans sa carrière, car Perriand a adopté sans réserve l’utilisation de l’acier – un médium utilisé auparavant uniquement par les hommes – comme matériau de choix pour exprimer de nouvelles expressions du design moderne.

Au milieu de la soudaine reconnaissance et du succès de son travail, elle a exprimé une certaine anxiété à un ami, le créateur de bijoux Jean Fouquet, au sujet de la poursuite du projet suivant, pour lequel elle n’avait aucun plan. Sur la suggestion de Fouquet, Perriand lit les livres de Le Corbusier Vers une architecture (1923) et L’Art décoratif d’aujourd’hui (1925), qui l’amènent à travailler avec l’auteur, un architecte novateur et révolutionnaire. Elle était “éblouie” par ses écrits ; ce dernier livre, qui éviscérait les arts décoratifs et, par extension, son éducation, était en accord avec la nouvelle façon dont elle avait conçu. Selon le récit de Perriand, lorsqu’elle arriva dans son atelier avec son portfolio en main, à la recherche d’un poste, il lui dit avec dédain : “Nous ne brodons pas de coussins dans mon atelier”. Non découragée par son commentaire dégradant, elle l’invite au Salon d’Automne pour voir son travail. Le Corbusier, qui reconnaît une âme sœur après avoir vu son Bar sous le toit design, l’a engagée.

De 1927 à 1937, elle travaille dans l’atelier, qualifiant plus tard cette expérience de “privilège”. Elle s’est concentrée sur l’équipement intérieur de l’habitation ou le mobilier conçu par l’atelier, y compris la fabrication des prototypes et leur fabrication finale. Elle contribuera à la conception de trois meubles emblématiques : le siège à dossier basculant (1928 ; “chaise à dossier basculant” ; également identifié comme LC1), le fauteuil facile “Fauteuil Grand Confort” (1928 ; LC2 et LC3), et le fauteuil longue (1928 ; LC4). En raison de l’excellente réputation de Le Corbusier, on lui attribue souvent le mérite exclusif de la conception et du design des chaises. Cependant, comme pour toute entreprise hautement collaborative, il est problématique de reconnaître le mérite d’une personne en particulier. Perriand a reconnu qu’il avait défini le cadre des formes générales des chaises et qu’il avait fourni une direction de conception, mais il a déclaré qu’elle avait précisé les détails, la construction et la conception réelle avec Pierre Jeanneret. Au 21ème siècle, les pièces sont encore vendues par l’entreprise italienne de meubles Cassina, qui leur attribue le mérite d’être les trois designers. L’influence de Perriand dans l’atelier s’est étendue au-delà du mobilier et de l’exécution des prototypes. En 1929, elle participe à la conception de la vision du luxe moderne du trio, “Equipment for the Home”, pour le Salon d’Automne, qui comprend un appartement complet, avec cuisine et salle de bains lumineuses.

Peu après avoir quitté l’atelier de Le Corbusier, elle a commencé à travailler avec Jean Prouvé, un designer qui a trouvé son créneau en exécutant et en concevant des objets métalliques comme des écrans et des rampes d’escalier en utilisant les motifs géométriques préférés des architectes d’avant-garde. Prouvé était passionné par l’expression de son art par des moyens et des matériaux contemporains ; Perriand y souscrivait pleinement. L’atelier de Prouvé étant inondé de projets pour l’armée française pendant la guerre, Perriand conçoit des baraquements militaires et du mobilier pour les logements provisoires. Lorsque la France s’est rendue en 1940, l’équipe s’est dissoute, mais s’est réunie au printemps 1951. Elle a ensuite rappelé avec beaucoup d’affection son profond respect et son amitié avec Prouvé, notant sa mort comme une ” terrible perte ” pour elle.

 

Le jour où les Allemands arrivèrent pour occuper Paris, Perriand quitta la France pour le Japon. Environ cinq semaines avant son départ, elle avait reçu une invitation séduisante de l’ambassade du Japon à Paris, lui demandant son expertise en design industriel pour le Département de la promotion commerciale, sous le parrainage du ministère impérial du Commerce et de l’Industrie. Afin d’accroître le flux de produits japonais vers l’Occident, le ministère a tenu à confier cette tâche à un étranger. Apparemment, elle était là pour défier le statu quo parmi les artisans, designers et architectes japonais. Cependant, son propre travail a été grandement inspiré par la myriade d’expériences qu’elle a rencontrées. Environ sept mois après son arrivée au Japon, elle avait demandé (et obtenu) une exposition qui était l’aboutissement d’une recherche inlassable et passionnée à travers laquelle elle s’était engagée avec des artisans, des artisans traditionnels aux designers modernes. Tout au long du spectacle, l’utilisation de matériaux naturels comme le bois et le bambou a été omniprésente, s’écartant complètement de l’esthétique qu’elle avait affinée dans l’atelier de Le Corbusier. Certains Japonais, désireux d’aller au-delà de ces matériaux, ont considéré l’exposition comme quelque peu primitive et peu progressiste, car de nombreux objets n’étaient pas adaptés à la production en série. Les réactions négatives ne l’empêchent pas de retourner au Japon en 1955 pour une deuxième exposition, “Proposition d’une synthese des arts”.

Perriand a continué à travailler avec d’anciens collègues tels que Prouvé, Le Corbusier et Jeanneret tout en établissant de nouveaux liens avec d’autres comme Fernand Léger, l’architecte brésilien Lúcio Costa et l’architecte hongrois Ernö Goldfinger. Les projets sont aussi variés que les lieux : conception de loges rustiques sans décor dans les Alpes françaises (1938), prototypes de cuisine pour l’Unité d’Habitation à Marseille (1950) et à Tokyo (1959), intérieurs commerciaux pour Air France à Londres (1958). Son dernier et plus grand projet – la station de ski des Arcs en Savoie (1967-1965) – unit son travail et le paysage dont elle se souvient si affectueusement depuis sa jeunesse. Ces conceptions démontrent le calibre, la valeur et la longévité de la riche contribution de Perriand à la profession.

En 1985 “Charlotte Perriand : Un Art de Vivre”, une importante rétrospective de son œuvre distinguée, a été présentée au Musée des Arts Décoratifs de Paris. Interrogée sur l’exposition, elle déplore le poids de regarder en arrière et de découvrir “les choses qu’elle a laissées derrière elle il y a longtemps…”. Elle préférait regarder vers l’avenir. Réinventer sa philosophie de conception, accepter le changement et être prête à expérimenter ont permis à son travail d’être pertinent et adapté à des échanges hautement collaboratifs et productifs. En 1998, l’année précédant sa mort, elle publie une autobiographie, Une Vie de création (Charlotte Perriand : A Life of Creation).

Andrée Putman (1925, Paris – 2013, Paris)

C’est un des grands noms du design et de l’architecture d’intérieur. Andrée Putman, véritable ambassadrice du luxe et du chic à la française, s’est fait connaître à travers le monde entier, de New York à Hong Kong, pour sa conception sobre et minimaliste du design. Andrée Putman doit d’abord sa réputation internationale à son intervention remarquée à l’Hôtel Morgans, à New York, pour lequel elle imagine une salle de bains géométrique dominée par un carrelage en damier noir et blanc. C’est elle aussi qui dessine le bureau de Jack Lang en 1982, tout en meubles de bois épurés, géométriques, sans artifice…

Elle fait aussi parler sa conception de l’architecture d’intérieur à travers l’aménagement de nombreux hôtels, restaurants, salons de thé et boutiques de luxe à travers le monde. C’est André Putman également qui, la première, popularise l’aménagement décloisonné et aéré type « loft ».

Pierre Paulin (1927, Paris – 2009, Montpellier)

Ses créations sont exposées dans les musées du monde entier : au MoMA de New York, au centre Pompidou et au Musée des arts décoratifs de Paris, au Victoria Art Museum de Londres… Et on ne compte plus le nombre de rétrospectives, d’expositions et de livres qui explorent l’œuvre du designer français Pierre Paulin. Les fauteuils et chaises qu’il imagine, aux formes organiques et colorées, dont les coussins sont recouverts d’une housse en tissus extensible, sont toujours aussi populaires. Citons quelques-uns des sièges iconiques signés Pierre Paulin :

  • Mushroom
  • Tongue Chair
  • Ribbon Chair
  • Orange Slice Chair

Philippe Starck (1949, Paris)

Finissons avec le plus connu des designers français contemporains : Philippe Stark. Depuis les années 80, il révolutionne les codes du design, faisant entrer une nouvelle dimension à la fois écologique et démocratique. Il collabore avec de grands éditeurs, tels que Kartell, Alessi ou Vitra. Parmi ces pièces de mobiliers les plus populaires, citons :

  • Le fauteuil Louis Ghost, une chaise en plastique coloré et transparent qui associe le classicisme d’un fauteuil Louis XV à la modernité du plastique.
  • Le fauteuil Mi Ming-Xo : c’est fois, c’est la Chine ancestrale qui est convoquée, dans un fauteuil en polycarbonate tout en courbes et transparence.
  • Le fauteuil Costes : un siège qui marie l’élégance de l’acajou et du cuir à la robustesse de l’acier laqué.

Avis aux amateurs et aux collectionneurs : certaines créations signées par ces grands noms du design français sont régulièrement rééditées. Et des exemplaires originaux ne manquent pas d’alimenter ventes aux enchères et boutiques en ligne.